l’ivresse, et tout ce qui se trouvait devant ses yeux était comme recouvert d’une gaze.
Sautant sur son cheval, il galopa droit vers Kaniev, pensant ainsi, en traversant le pays des Tcherkesses, gagner celui des Tatars et de là la Crimée, sans savoir lui-même pourquoi. Il galopa durant deux jours sans que Kaniev apparût. C’était bien le chemin, et depuis longtemps il aurait dû atteindre cette ville ; mais pas de Kaniev à l’horizon. Au loin, brillèrent des clochers d’églises. Ce n’était pas Kaniev, mais Choumsk. Le sorcier fut étonné d’avoir voyagé juste dans le sens contraire. Il lança son cheval vers Kiev, et, au bout d’une journée, apparut une ville. Ce n’était pas Kiev, mais Galitch, ville encore plus loin de Kiev que Choumsk, et proche déjà des Hongrois. Ne sachant que faire, il fit retourner son cheval en arrière ; mais il sentit de nouveau qu’il allait dans le sens opposé et toujours en avant.
Nulle plume humaine ne peut raconter ce qui se passait dans l’âme du sorcier, et si quelqu’un l’avait vu, il n’aurait plus dormi une seule nuit ni souri une seule fois. Ce n’était ni de la fureur, ni de la crainte, ni du dépit. Il n’y a pas de mot