fixement dans les yeux. Des cheveux longs et noirs comme du charbon s’échappaient en désordre d’un voile sombre négligemment jeté sur la tête, et l’éclat singulier du regard, le teint cadavéreux du visage pouvaient bien faire croire à une apparition. Andry saisit à la hâte son mousquet, et s’écria d’une voix altérée :
— Qui es-tu ? Si tu es un esprit malin, disparais. Si tu es un être vivant, tu as mal pris le temps de rire, je vais te tuer.
Pour toute réponse l’apparition mit le doigt sur ses lèvres, semblant implorer le silence. Andry déposa son mousquet, et se mit à la regarder avec plus d’attention. À ses longs cheveux, à son cou, à sa poitrine demi-nue, il reconnut une femme. Mais ce n’était pas une Polonaise ; son visage hâve et décharné avait un teint olivâtre, les larges pommettes de ses joues s’avançaient en saillie, et les paupières de ses yeux étroits se relevaient aux angles extérieurs. Plus il contemplait les traits de cette femme, plus il y trouvait le souvenir d’un visage connu.
— Dis-moi, qui es-tu ? s’écria-t-il enfin ; il me semble que je t’ai vue quelque part.
— Oui, il y a deux ans, à Kiew.
— Il y a deux ans, à Kiew ? répéta Andry en repassant dans sa mémoire tout ce que lui rappelait sa vie d’étudiant.
Il la regarda encore une fois avec