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Cosaque, tu deviendras hetmans[1]. Celui-là n’est pas encore un bon soldat qui garde sa présence d’esprit dans la bataille ; mais celui-là est un bon soldat qui ne s’ennuie jamais, qui sait souffrir jusqu’au bout, et, quoi qu’il arrive, finit par faire ce qu’il a résolu.

Mais un jeune homme ne peut avoir l’opinion d’un vieillard, car il voit les mêmes choses avec d’autres yeux.

Sur ces entrefaites, arriva le polk de Tarass Boulba amené par Tovkatch. Il était accompagné de deux ïésaouls, d’un greffier et d’autres chefs, conduisant une troupe d’environ quatre mille hommes. Dans ce nombre, se trouvaient beaucoup de volontaires, qui, sans être appelés, avaient pris librement du service, dès qu’ils avaient connu le but de l’expédition. Les ïésaouls apportaient aux fils de Tarass la bénédiction de leur mère, et à chacun d’eux une petite image en bois de cyprès, prise au célèbre monastère de Mégigorsk à Kiew. Les deux frères se pendirent les saintes images au cou, et devinrent tous les deux pensifs en songeant à leur vieille mère. Que leur prophétisait cette bénédiction ? La victoire sur l’ennemi, suivie d’un joyeux retour dans la patrie, avec du butin, et surtout de la gloire digne d’être éternellement chantée

  1. Phrase proverbiale en Russie.