Page:Gogol - Tarass Boulba, Hachette, 1882.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

avez-vous permis une pareille abomination ?

— Comment nous avons permis une pareille abomination ? Et vous, auriez-vous mieux fait quand il y avait cinquante mille hommes des seuls Polonais ? Et puis, il ne faut pas déguiser notre péché, il y avait aussi des chiens parmi les nôtres, qui ont accepté leur religion.

— Et que faisait votre hetman ? que faisaient vos polkovniks ?

— Ils ont fait de telles choses que Dieu veuille nous en préserver.

— Comment ?

— Voilà comment : notre hetman se trouve maintenant à Varsovie rôti dans un bœuf de cuivre, et les têtes de nos polkovniks se sont promenées avec leurs mains dans toutes les foires pour être montrées au peuple. Voilà ce qu’ils ont fait.

Toute la foule frissonna. Un grand silence s’établit sur le rivage entier, semblable à celui qui précède les tempêtes. Puis, tout à coup, les cris, les paroles confuses éclatèrent de tous côtés.

— Comment ! que les juifs tiennent à bail les églises chrétiennes ! que les prêtres attellent des chrétiens au brancard ! Comment ! permettre de pareils supplices sur la terre russe, de la part de maudits schismatiques ! Qu’on puisse traiter ainsi les polkovniks