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il qu’un juif impur mette un signe sur la sainte hostie ?…

— Écoutez, je vous en conterai bien d’autres. Les prêtres catholiques (kseunz) ne vont pas autrement, dans l’Ukraine, qu’en tarataïka[1]. Ce ne serait pas un mal, mais voilà ce qui est un mal, c’est qu’au lieu de chevaux, on attelle des chrétiens de la bonne religion[2]. Écoutez, écoutez, je vous en conterai bien d’autres. On dit que les juives commencent à se faire des jupons avec les chasubles de nos prêtres. Voilà ce qui se fait dans l’Ukraine, seigneurs. Et vous, vous êtes tranquillement établis dans la setch, vous buvez, vous ne faites rien, et, à ce qu’il paraît, les Tatars vous ont fait si peur, que vous n’avez plus d’yeux ni d’oreilles, et que vous n’entendez plus parler de ce qui se passe dans le monde.

— Arrête, arrête, interrompit le kochévoï qui s’était tenu jusque-là immobile et les yeux baissés, comme tous les Zaporogues, qui, dans les grandes occasions, ne s’abandonnaient jamais au premier élan, mais se taisaient pour rassembler en silence toutes les forces de leur indignation. Arrête, et moi, je dirai une parole. Et vous donc, vous autres, que le diable rosse vos pères ! que faisiez-vous ? N’aviez-vous pas de sabres, par hasard ? Comment

  1. Petite calèche longue.
  2. La religion grecque.