Tous les cabarets furent mis au pillage ; les Cosaques prenaient sans payer la bière, l’eau-de-vie et l’hydromel. Les cabaretiers s’estimaient heureux d’avoir la vie sauve. Toute la nuit se passa en cris et en chansons qui célébraient la gloire des Cosaques ; et la lune vit, toute la nuit, se promener dans les rues des troupes de musiciens avec leurs bandouras et leurs balalaïkas[1], et des chantres d’église qu’on entretenait dans la setch pour chanter les louanges de Dieu et celles des Cosaques. Enfin, le vin et la fatigue vainquirent tout le monde. Peu à, peu toutes les rues se jonchèrent d’hommes étendus. Ici, c’était un Cosaque qui, attendri, éploré, se pendait au cou de son camarade, et tous deux tombaient embrassés. Là, tout un groupe était renversé pêle-mêle. Plus loin, un ivrogne choisissait longtemps une place pour se coucher, et finissait par s’étendre sur une pièce de bois. Le dernier, le plus fort de tous, marcha longtemps, en trébuchant sur les corps et en balbutiant des paroles incohérentes ; mais enfin il tomba comme les autres, et toute la setch s’endormit.
- ↑ Grandes et petites guitares.