sa nourrice ne lui a pas encore séché sur les lèvres.
— Que Chilo soit notre ataman ! s’écrièrent d’autres voix ; faisons de Chilo un kochévoï.
— Un chilo[1] dans vos dos, répondit la foule jurant. Quel Cosaque est-ce, celui qui est parvenu en se faufilant comme un Tatar ? Au diable l’ivrogne Chilo !
— Borodaty ! choisissons Borodaty !
— Nous ne voulons pas de Borodaty ; au diable Borodaty !
— Criez Kirdiaga, chuchota Tarass Boulba à l’oreille de ses affidés.
— Kirdiaga, Kirdiaga ! s’écrièrent-ils.
— Kirdiaga ! Borodaty ! Borodaty ! Kirdiaga ! Chilo ! Au diable Chilo ! Kirdiaga ! »
Les candidats dont les noms étaient ainsi proclamés sortirent tous de la foule, pour ne pas laisser croire qu’ils aidaient par leur influence à leur propre élection.
« Kirdiaga ! Kirdiaga ! » Ce nom retentissait plus fort que les autres. « Borodaty ! » répondait-on. La question fut jugée à coups de poing, et Kirdiaga triompha.
— Amenez Kirdiaga, s’écria-t-on aussitôt.
Une dizaine de Cosaques quittèrent la foule. Plusieurs d’
- ↑ Chilo, en russe, veut dire poinçon, alène.