Ils étaient bien beaux sous leurs bonnets d’astrakan noir terminés par des calottes dorées. Quand la pauvre mère les aperçut, elle ne put proférer une parole, et des larmes craintives s’arrêtèrent dans ses yeux flétris.
— Allons, mes fils, tout est prêt, plus de retard, dit enfin Boulba. Maintenant, d’après la coutume chrétienne, il faut nous asseoir avant de partir.
Tout le monde s’assit en silence dans la même chambre, sans excepter les domestiques, qui se tenaient respectueusement près de la porte.
— À présent, mère, dit Boulba, donne ta bénédiction à tes enfants ; prie Dieu qu’ils se battent toujours bien, qu’ils soutiennent leur honneur de chevaliers, qu’ils défendent la religion du Christ ; sinon, qu’ils périssent, et qu’il ne reste rien d’eux sur la terre. Enfants, approchez de votre mère ; la prière d’une mère préserve de tout danger sur la terre et sur l’eau.
La pauvre femme les embrassa, prit deux petites images en métal, les leur pendit au cou en sanglotant.
— Que la Vierge… vous protège… N’oubliez pas, mes fils, votre mère. Envoyez au moins de vos nouvelles, et pensez…
Elle ne put continuer.
— Allons, enfants,dit Boulba.
Des chevaux sellés attendaient devant le perron. Boulba