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seulement, mais encore les mercredis et les jeudis.

— Il n’y a rien à se rappeler de ce qui s’est fait, père, répondit Ostap ; ce qui est passé est passé.

— Qu’on essaye maintenant ! dit Andry ; que quelqu’un s’avise de me toucher du bout du doigt ! que quelque Tatar s’imagine de me tomber sous la main ! il saura ce que c’est qu’un sabre cosaque.

— Bien, mon fils, bien ! par Dieu, c’est bien parlé. Puisque c’est comme ça, par Dieu, je vais avec vous. Que diable ai-je à attendre ici ? Que je devienne un planteur de blé noir, un homme de ménage, un gardeur de brebis et de cochons ? que je me dorlote avec ma femme ? Non, que le diable l’emporte ! je suis un Cosaque, je ne veux pas. Qu’est-ce que cela me fait qu’il n’y ait pas de guerre ! j’irai prendre du bon temps avec vous. Oui, par Dieu, j’y vais.

Et le vieux Boulba, s’échauffant peu à peu, finit par se fâcher tout rouge, se leva de table, et frappa du pied en prenant une attitude impérieuse.

— Nous partons demain. Pourquoi remettre ? Qui diable attendons-nous ici ? À quoi bon cette maison ? à quoi bon ces pots ? à quoi bon tout cela ?

En parlant ainsi, il se mit à briser les plats et les bouteilles. La pauvre femme, dès longtemps habituée à de pareilles actions, regardait tristement faire son mari, assise sur un banc. Elle n’osait rien dire ;