une longue tour étroite, couronnée d’un lambeau de toiture. Cet édifice servait à beaucoup d’emplois divers. Il renfermait des casernes, une prison et même un tribunal criminel. Nos voyageurs entrèrent dans le bâtiment et se trouvèrent au milieu d’une vaste salle ou plutôt d’une cour fermée par en haut. Près de mille hommes y dormaient ensemble. En face d’eux se trouvait une petite porte, devant laquelle deux sentinelles jouaient à un jeu qui consistait à se frapper l’un l’autre sur les mains avec les doigts. Ils firent peu d’attention aux arrivants et ne tournèrent la tête que lorsque Yankel leur eut dit :
— C’est nous, entendez-vous bien, mes seigneurs ? c’est nous.
— Allez, dit l’un d’eux, ouvrant la porte d’une main et tendant l’autre à son compagnon, pour recevoir les coups obligés.
Ils entrèrent dans un corridor étroit et sombre, qui les mena dans une autre salle pareille avec de petites fenêtres en haut.
« Qui vive ! » crièrent quelques voix, et Tarass vit un certain nombre de soldats armés de pied en cap.
— Il nous est ordonné de ne laisser entrer personne.
— C’est nous ! criait Yankel ; Dieu le voit, c’est nous, mes seigneurs !
Mais personne ne voulait l’écouter. Par bonheur, en