le juif en prison ! » parce que tout ce qu’il y a de mauvais retombe toujours sur le juif ; parce que chacun traite le juif de chien ; parce qu’on se dit qu’un juif n’est pas un homme.
—Eh bien ! alors, mets-moi dans un chariot à poisson !
— Impossible, Dieu le voit, c’est impossible : maintenant, en Pologne, les hommes sont affamés comme des chiens ; on voudra voler le poisson, et on découvrira ta seigneurie.
— Eh bien ! conduis-moi au diable, mais conduis-moi.
— Écoute, écoute, mon seigneur, dit le juif en abaissant ses manches sur les poignets et en s’approchant de lui les mains écartées : voici ce que nous ferons ; maintenant, on bâtit partout des forteresses et des citadelles ; il est venu de l’étranger des ingénieurs français, et l’on mène par les chemins beaucoup de briques et de pierres. Que ta seigneurie se couche au fond de ma charrette, et j’en couvrirai le dessus avec des briques. Ta seigneurie est robuste, bien portante ; aussi ne s’inquiétera-t-elle pas beaucoup du poids à porter ; et moi, je ferai une petite ouverture par en bas, afin de pouvoir te nourrir.
— Fais ce que tu veux, seulement conduis-moi.
Et, au bout d’une heure, un chariot chargé de briques et attelé de deux rosses sortait de la ville d’