tomba sur la terre comme un chêne abattu, et un épais brouillard couvrit ses yeux.
« Il paraît que j’ai longtemps dormi, » dit Tarass en s’éveillant comme du pénible sommeil d’un homme ivre, et en s’efforçant de reconnaître les objets qui l’entouraient.
Une terrible faiblesse avait brisé ses membres. Il avait peine à distinguer les murs et les angles d’une chambre inconnue. Enfin il s’aperçut que Tovkatch était assis auprès de lui, et qu’il paraissait attentif à chacune de ses respirations.
— Oui, pensa Tovkatch ; tu aurais bien pu t’endormir pour l’éternité.
Mais il ne dit rien, le menaça du doigt et lui fit signe de se taire.
— Mais, dis-moi donc, où suis-je, à présent ? reprit Tarass en rassemblant ses esprits, et en cherchant à se rappeler le passé.
— Tais-toi donc ! s’écria brusquement son camarade. Que veux-tu donc savoir de plus ? Ne vois-tu pas que tu es couvert de blessures ? Voici deux semaines que nous courons à cheval à perdre haleine, et que la fièvre et la chaleur te font divaguer. C’est la première fois que tu as dormi tranquillement.