les bras, et l’empotèrent aux cieux : elle sera bien là-bas. « Assieds-toi à ma droite, Koukoubenko, lui dira le Christ, tu n’as pas trahi la fraternité, tu n’as pas fait d’action honteuse, tu n’as pas abandonné un homme dans le danger. Tu as conservé et défendu mon Église. » La mort de Koukoubenko attrista tout le monde : et cependant, les rangs cosaques s’éclaircissaient à vue d’œil ; beaucoup de braves avaient cessé de vivre. Mais les Cosaques tenaient bon.
— Dites-moi, seigneurs, cria Tarass aux kouréni restés debout, y a-t-il encore de la poudre dans les poudrières ? les sabres ne sont-ils pas émoussés ? la force cosaque ne s’est-elle pas affaiblie ? les Cosaques ne plient-ils pas encore ?
— Père, il y a encore assez de poudre ; les sabres sont encore bons, la force cosaque n’est pas affaiblie ; les Cosaques n’ont pas plié.
Et les Cosaques s’élancèrent de nouveau comme s’ils n’eussent éprouvé aucune perte. Il ne reste plus vivants que trois atamans de kourèn. Partout coulent des ruisseaux rouges ; des ponts s’élèvent, formés de cadavres des Cosaques et des Polonais. Tarass regarda le ciel, et vit s’y déployer une longue file de vautours. Ah ! quelqu’un donc se réjouira ! Déjà, là-bas, on a soulevé Métélitza sur le fer d’une lance ; déjà, la tête du second Pisarenko a tournoyé dans l’air en clignant des yeux ; déjà Okhrim Gouska,