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— Adieu, seigneurs frères camarades, dit-il ; que la terre russe orthodoxe reste debout pour l’éternité, et qu’il lui soit rendu un honneur éternel.

Il ferma ses yeux éteints, et son âme cosaque quitta sa farouche enveloppe.

Déjà Zadorojni s’avançait à cheval, et l’ataman de kourèn, Vertikhvist, et Balaban s’avançaient aussi.

— Dites-moi, seigneurs, s’écria Tarass, en s’adressant aux atamans des kouréni ; y a-t-il encore de la poudre dans les poudrières ? La force cosaque ne s’est-elle pas affaiblie ? Les nôtres ne plient-ils pas encore ?

— Père, il y a encore de la poudre dans les poudrières ; la force cosaque n’est pas affaiblie, et les nôtres ne plient pas encore.

Et les Cosaques firent une vigoureuse attaque. Ils rompirent les rangs ennemis. Le petit colonel fit sonner la retraite et hisser huit drapeaux peints, pour rassembler les siens qui s’étaient dispersés dans la plaine. Tous les Polonais accoururent aux drapeaux ; mais ils n’avaient pas encore reformé leurs rangs que, déjà, l’ataman Koukoubenko faisait, avec ses gens de Nésamaïkoff, une charge en plein centre, et tombait sur le colonel ventru. Le colonel ne soutint pas le choc, et, tournant son cheval, il s’enfuit à toute bride. Koukoubenko le poursuivit longtemps à travers champs, sans le laisser rejoindre les siens. Voyant cela du kourèn voisin, Stépan