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À la religion ! répétèrent les plus éloignés, et jeunes et vieux, tous les Cosaques burent à la religion.

— À la setch ! dit Tarass, en élevant sa coupe au-dessus de sa tête, le plus haut qu’il put.

— À la setch ! répondirent les rangs voisins.

— À la setch ! dirent d’une voix sourde les vieux Cosaques, en retroussant leurs moustaches grises ; et, s’agitant comme de jeunes faucons qui secouent leurs ailes, les jeunes Cosaques répétèrent : À la setch ! Et la plaine entendit au loin les Cosaques boire à leur setch.

— Maintenant un dernier coup, compagnons : à la gloire, et à tous les chrétiens qui vivent en ce monde.

Et tous les Cosaques, jusqu’au dernier, burent un dernier coup à la gloire, et à tous les chrétiens qui vivent en ce monde. Et longtemps encore on répétait dans tous les rangs de tous les kouréni : « À tous les chrétiens qui vivent dans ce monde ! »

Déjà les coupes étaient vides, et les Cosaques demeuraient toujours les mains élevées. Quoique leurs yeux, animés par le vin, brillassent de gaieté, pourtant ils étaient pensifs. Ce n’était pas au butin de guerre qu’ils songeaient, ni au bonheur de trouver des ducats, des armes précieuses, des habits chamarrés et des chevaux circassiens ; mais ils étaient