le flanc nu d’une montagne, et dont les cimes ont blanchi sous le givre hérissé du nord.
— Non, ton conseil ne vaut rien, kochévoï, dit-il ; tu ne parles pas comme il faut, Il paraît que tu as oublié que ceux des nôtres qu’ont pris les Polonais demeurent prisonniers. Tu veux donc que nous ne respections pas la première des saintes lois de la fraternité, que nous abandonnions nos compagnons, pour qu’on les écorche vivants, ou bien pour que, après avoir écartelé leurs corps de Cosaques, on en promène les morceaux par les villes et les campagnes, comme ils ont déjà fait du hetman et des meilleurs chevaliers de l’Ukraine. Et sans cela, n’ont-ils pas assez insulté à tout ce qu’il y a de saint. Que sommes-nous donc ? je vous le demande à tous. Quel Cosaque est celui qui abandonne son compagnon dans le danger, qui le laisse comme un chien périr sur la terre étrangère ? Si la chose en est venue au point que personne ne révère plus l’honneur cosaque, et si l’on permet qu’on lui crache sur sa moustache grise, ou qu’on l’insulte par d’outrageantes paroles, ce n’est pas moi du moins qu’on insultera. Je reste seul.
Tous les Zaporogues qui l’entendirent furent ébranlés.
— Mais as-tu donc oublié, brave polkovnik, dit alors le kochévoï, que nous avons aussi des compagnons dans les mains des Tatars, et que si nous ne les