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construite par un architecte italien. Elle était en briques, et à deux étages. Les fenêtres du rez-de-chaussée s’encadraient dans des ornements de pierre très en relief ; l’étage supérieur se composait de petits arceaux formant galerie ; entre les piliers et aux encoignures, se voyaient des grilles en fer portant les armoiries de la famille. Un large escalier en briques peintes descendait jusqu’à la place. Sur les dernières marches étaient assis deux gardes qui soutenaient d’une main leurs hallebardes, de l’autre leurs têtes, et ressemblaient plus à des statues qu’à des êtres vivants. Ils ne firent nulle attention à ceux qui montaient l’escalier, au haut duquel Andry et son guide trouvèrent un chevalier couvert d’une riche armure, tenant en main un livre de prières. Il souleva lentement ses paupières alourdies ; mais la Tatare lui dit un mot, et il les laissa retomber sur les pages de son livre. Ils entrèrent dans une salle assez spacieuse qui semblait servir aux réceptions. Elle était remplie de soldats, d’échansons, de chasseurs, de valets, de toute la domesticité que chaque seigneur polonais croyait nécessaire à son rang. Tous se tenaient assis et silencieux. On sentait la fumée d’un cierge qui venait de s’éteindre, et deux autres brûlaient encore sur d’immenses chandeliers de la grandeur d’un homme, bien que le jour éclairât depuis longtemps la large fenêtre à grillage. Andry allait s’avancer vers