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le cadavre long et maigre d’un homme qui, n’ayant pu supporter jusqu’au bout ses souffrances, y avait mis fin par le suicide. À la vue de toutes ces horreurs, Andry ne put s’empêcher de demander à la Tatare :

— Est-il donc possible qu’en un si court espace de temps, tous ces gens n’aient plus rien trouvé pour soutenir leur vie ! En de telles extrémités, l’homme peut se nourrir des substances que la loi défend.

— On a tout mangé, répondit la Tatare, toutes les bêtes ; on ne trouverait plus un cheval, plus un chien, plus une souris dans la ville entière. Nous n’avons jamais rassemblé de provisions ; l’on amenait tout de la campagne.

— Mais, en mourant d’une mort si cruelle, comment pouvez-vous penser encore à défendre la ville ?

— Peut-être que le vaïvode l’aurait rendue ; mais, hier matin le polkovnik, qui se trouve à Boujany, a envoyé un faucon porteur d’un billet où il disait qu’on se défendit encore, qu’il s’avançait pour faire lever le siège, et qu’il n’attendait plus que l’arrivée d’un autre polk afin d’agir ensemble ; maintenant nous attendons leur secours à toute minute. Mais nous voici devant la maison. »

Andry avait déjà vu de loin une maison qui ne ressemblait pas aux autres, et qui paraissait avoir été