les nefs en sons argentins comme des voix de jeunes filles, puis répéta son mugissement sonore et se tut brusquement. Longtemps après les vibrations firent trembler les arceaux, et Andry resta dans l’admiration de cette musique solennelle. Quelqu’un le tira par le pan de son caftan.
— Il est temps, dit la Tatare.
Tous deux traversèrent l’église sans être aperçus, et sortirent sur une grande place. Le ciel s’était rougi des feux de l’aurore, et tout présageait le lever du soleil. La place, en forme de carré, était complètement vide. Au milieu d’elle se trouvaient dressées nombre de tables en bois, qui indiquaient que là avait été le marché aux provisions. Le sol, qui n’était point pavé, portait une épaisse couche de boue desséchée, et toute la place était entourée de petites maisons bâties en briques et en terre glaise, dont les murs étaient soutenus par des poutres et des solives entrecroisées. Leurs toits aigus étaient percés de nombreuses lucarnes. Sur un des côtés de la place, près de l’église, s’élevait un édifice différent des autres, et qui paraissait être l’hôtel de ville. La place entière semblait morte. Cependant Andry crut entendre de légers gémissements. Jetant un regard autour de lui, il aperçut un groupe d’hommes couchés sans mouvement, et les examina, doutant s’ils étaient endormis ou morts. À ce moment il trébucha sur quelque chose qu’il n’avait pas