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pensive ; Pulchérie Ivanovna ne répondit rien, ou répondit de façon à ne pas tranquilliser Athanase Ivanovitch. Dès le lendemain, elle avait beaucoup maigri.

— Qu’avez-vous, Pulchérie Ivanovna ? N’êtes-vous pas malade ?

— Non, je ne suis pas malade, Athanase Ivanovitch, mais il faut que je vous fasse une déclaration ; je sais que je dois mourir cet été : ma mort est déjà venue me prendre. —

Les lèvres d’Athanase Ivanovitch se contractèrent douloureusement. Il voulut cependant vaincre le pressentiment lugubre qui s’élevait dans son âme, et dit en souriant :

— Dieu sait ce que vous venez de dire, Pulchérie Ivanovna ; probablement, au lieu de la décoction que vous prenez d’habitude, vous aurez bu un peu d’eau-de-vie aux pêches.

— Non, Athanase Ivanovitch, je n’ai point bu d’eau-de-vie, — dit Pulchérie Ivanovna ; et Athanase Ivanovitch sentit un remords de s’être raillé de sa femme. Il la regarda en silence, et une larme humecta sa paupière.

— Je vous prie, Athanase Ivanovitch, lui dit-elle, de remplir ma volonté. Quand je serai morte, faites-moi enterrer près de l’enceinte de l’église ; mettez-moi ma robe grise, vous savez, celle qui a de petites fleurs brunes. Ne me mettez pas ma