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le petit animal gâté élevait à la rencontre de sa main. On ne pouvait dire que Pulchérie Ivanova aimât beaucoup cette chatte, mais elle s’y était attachée par l’habitude de la voir constamment. Athanase Ivanovitch la raillait souvent de cette affection.

— Je ne sais, Pulchérie Ivanovna, lui disait-il, ce que vous trouvez dans un chat. À quoi est-il bon ? Ah ! si vous aviez un chien, ce serait une autre affaire. Un chien peut aller à la chasse ; mais un chat !

— Taisez-vous, taisez-vous, Athanase Ivanovitch, répliquait Pulchérie Ivanovna, vous n’aimez qu’à parler. Un chien n’est pas propre, un chien casse et gâte tout ; mais un chat est une créature tranquille qui ne fait de mal à personne. —

Du reste, chien ou chat importait peu à Athanase Ivanovitch ; il ne disait cela que pour contrarier un peu sa moitié.

Derrière le jardin, se trouvait un grand bois que l’intendant spéculateur avait complétement ménagé, sans doute parce que le bruit de la hache serait arrivé jusqu’aux oreilles de Pulchérie Ivanovna. Ce bois restait abandonné, sauvage, touffu, et les vieux troncs d’arbres étaient garnis de jeunes pousses, ce qui les faisait ressembler à des jambes de pigeons pattus. Il était habité par des chats sauvages, qu’il ne faut pas confondre avec les matous qu’on voit courir sur les toits des maisons. Pour