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Athanase Ivanovitch sortait sur le perron, et criait, en tenant son mouchoir comme un fouet :

Kich ! Kich ! sauvez-vous, oies, sauvez-vous d’ici. —

D’ordinaire il rencontrait son intendant au milieu de la cour. Il avait l’habitude d’entrer en conversation avec lui, de l’interroger en détail sur les travaux des champs, et de lui communiquer des remarques ou de lui donner des ordres tels que chacun eût été surpris de ses connaissances profondes en économie domestique, et qu’un novice n’eût pas même eu la pensée qu’on pouvait voler un maître si clairvoyant. Mais son intendant était un vieux renard habitué au feu, qui savait fort bien comment il fallait répondre et mieux encore comment il fallait agir. Ensuite, Athanase Ivanovitch rentrait dans son appartement, et disait, en s’approchant de Pulchérie Ivanovna :

— Dites donc, Pulchérie Ivanovna, il serait temps peut-être de manger un morceau ?

— Mais, Athanase Ivanovitch, que pourrait-on manger maintenant ? à moins pourtant que ce ne soient des petits pâtés au lard ou à la graine de pavots, ou bien encore des champignons salés.

— Va pour les champignons ou pour les petits pâtés, — répondait Athanase Ivanovitch.

Et aussitôt la table se couvrait de petits pâtés ou de champignons.