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Da 34 te, ms, néena, février, 349

Non, je n’ai plus la force de souffrir. Mon Dieu, que font-ils de moi ? Ils me versent de l’eau froide sur la tête. Ils ne veulent pas m’écouter, ni voir mes souffrances. Que leur ai-je fait ? Pourquoi me tourmentent-ils ? Que veulent-ils de moi, pauvre infortuné que je suis ? Que puis-je leur donner ? Je n’ai rien.... Je ne puis, non je ne puis plus supporter mes tourments. Ma tête brûle, tout tourne devant mes yeux. Ah ! sauvez-moi, prenez-moi, donnez-moi un troïka[1] de chevaux rapides comme le vent. Assieds-toi, mon postillon ; tinte, ma clochette ; élancez-vous, mes chevaux, et emportez-moi loin de cette terre.... Plus loin, plus loin, pour qu’on ne voie plus rien, plus rien.... Un ciel agité se déroule devant moi ; une petite étoile brille au firmament. Une forêt d’arbres sombres, et la lune au-dessus, passent rapidement devant mes yeux ; une vapeur bleue s’étend sous mes pieds ; une corde vibre au fond de cette vapeur.... D’un côté c’est la mer, de l’autre l’Italie.... Voilà qu’on aperçoit aussi de petites chaumières russes. Oh ! est-ce ma maison qui bleuit dans le lointain ? est-ce ma mère qui est assise sous la fenêtre ?… Ô ma

  1. Attelage de trois chevaux attachés de front.