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queues de scorpions, auxquelles pendaient des lambeaux de terre noirâtre. Tous regardaient Thomas, tous le cherchaient, mais ne pouvaient le voir ni le toucher, entouré qu’il était de son cercle magique.

— Qu’on amène le roi des Gnomes, s’écria la morte, qu’on l’amène. —

Et sur-le-champ il se fit dans l’église le plus profond silence. Bientôt un hurlement retentit dans le lointain, puis des pas lourds frappèrent les dalles de l’église. Jetant un regard en dessous, le philosophe s’aperçut qu’on amenait une espèce d’homme, de petite taille, trapu et à jambes torses. Il était tout couvert et tout souillé de terre ; ses pieds et ses mains ressemblaient à des racines noueuses ; il ne marchait qu’avec peine, en trébuchant à chaque pas. Les longs cils de ses paupières fermées s’abaissaient jusqu’à terre. Thomas remarqua avec terreur que son visage était de fer. On le conduisit, en le soutenant sous les bras, précisément devant la place où se trouvait le philosophe.

— Levez-moi mes paupières, je ne vois pas, — dit le roi des Gnomes d’une voix souterraine.

Et toute la troupe s’empressa pour les lui soulever.

— Ne regarde pas, — disait au philosophe une voix intérieure.

Il n’eut pas la force de se retenir, et regarda.