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présentait son dos, et Doroch, en sautant dessus, ne manquait jamais de dire : — Quel bœuf ! — Près du seuil de la cuisine se tenaient les gens plus posés, qui regardaient très-gravement en fumant leurs pipes, et ne se déridaient pas même quand les jeunes gens riaient à se tenir les côtes d’un bon mot de Spirid. Thomas essaya vainement de se mêler à leurs jeux. Une idée sombre était enfoncée dans sa cervelle comme un clou. Il fit tout ce qu’il put pour s’égayer lui-même pendant le souper ; mais la terreur s’étendait dans son âme, à mesure que les ténèbres s’étendaient dans les cieux.

— Eh bien, il est temps, seigneur écolier, lui dit le vieux Cosaque en se levant de table avec Doroch ; allons à notre affaire. —

On conduisit Thomas à l’église de la même façon que la veille ; on le laissa de nouveau seul, et on l’enferma. Il vit de nouveau les sombres images des saints, les vieux cadres dorés, et le noir cercueil de la sorcière, qui se tenait dans une immobilité silencieuse et menaçante au milieu de l’église.

— Eh bien, quoi ? se dit-il ; cela ne me surprendra plus. Ce n’est que la première fois que c’est terrible. Oui, la première fois, c’est un peu terrible, et puis ensuite, ce n’est plus du tout terrible, plus terrible du tout. —

Il gagna précipitamment sa place, s’entoura d’un