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Qui ne se rappelle le piqueur Mikita[1], ou bien....

— Qu’est-ce que c’est que le piqueur Mikita ? interrompit le philosophe.

— Arrêtez, c’est moi qui raconterai l’histoire du piqueur Mikita, s’écria Doroch.

— Non, c’est moi qui raconterai l’histoire du piqueur Mikita, dit le gardien de chevaux, car c’était mon parrain.

— C’est moi qui la raconterai, dit Spirid.

— Que Spirid raconte ! — s’écria toute la troupe.

Spirid commença.

— Toi, seigneur philosophe Thomas, tu n’as pas connu Mikita. Ah ! quel rare homme c’était ! Je t’assure qu’il connaissait chaque chien comme si c’eût été son père. Le piqueur actuel Mikôla[2], celui qui est à deux places de moi, n’est pas digne de lui servir de semelle, quoiqu’il entende fort bien son affaire. Mais, en comparaison de Mikita, il n’est que de l’eau de vaisselle.

— Tu racontes bien, — dit Doroch en faisant un signe de tête par manière d’approbation.

Spirid continua.

— Il apercevait un lièvre dans les champs, plus vite qu’un autre ne se mouchait dans ses doigts. Je crois le voir. Il n’avait qu’à siffler : « Attrape,

  1. Pour Nikita (Nicétas)
  2. Pour Nikôla (Nicolas).