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passée, toute sa vie bruyante avaient disparu pour toujours. À l’arrivée de Thomas et du vieux Cosaque, il écarta une de ses mains, et fit un petit mouvement de tête en réponse à leur profond salut.

Thomas et le Cosaque s’étaient arrêtés respectueusement près de la porte.

— Qui es-tu et d’où viens-tu, brave homme ? dit le centenier d’une voix qui n’était ni dure, ni affable.

— Je suis un étudiant, le philosophe Thomas Brutus.

— Et qui était ton père ?

— Je n’en sais rien, seigneur.

— Et ta mère ?

— Je n’en sais rien non plus.... Maintenant que j’ai réfléchi, j’avais certainement une mère ; mais qui elle était, d’où elle venait, et quand elle a vécu, je n’en sais rien, devant Dieu. —

Le centenier se tut, et sembla réfléchir pendant quelques instants.

— Comment as-tu fait la connaissance de ma fille ?

— Je n’ai pas fait sa connaissance, seigneur, je le jure. Je n’ai pas encore eu affaire aux demoiselles depuis ma naissance. Foin des demoiselles, pour ne pas dire quelque chose de plus indécent.

— Pourquoi donc est-ce précisément toi qu’elle a choisi pour lui réciter ses prières ?  —