Par la fenêtre ronde d’une des mansardes, on pouvait apercevoir un gros tambour et plusieurs trompettes en cuivre. Enfin deux petits canons étaient en batterie près de la porte. Tout cela montrait que le maître de céans aimait à se réjouir, et que sa maison retentissait souvent de cris de fête. Hors de la porte se trouvaient deux moulins à vent. Derrière la maison s’étendaient de vastes jardins, et à travers les cimes des arbres, on ne voyait que les faîtes noircis des cheminées, tandis que les maisons disparaissaient dans la verdure. Tout le village était bâti sur un plateau au milieu du versant de la montagne, qui, très-escarpée, finissait précisément derrière la maison seigneuriale. Regardée d’en bas, elle semblait encore d’une pente plus rapide, et tout le long de son sommet croissaient de hautes et maigres bruyères qui tranchaient en noir sur le ciel bleu. Ses flancs nus, en terre glaise, étaient tristes à voir, tout sillonnés par les eaux torrentielles. Le long de ces pentes étaient comme collées deux petites maisonnettes, au-dessus desquelles s’étendaient les branches d’un large pommier, dont les racines étaient entourées de petits pieux, soutenant de la bonne terre. Les pommes qu’abattait le vent roulaient jusque dans la maison du seigneur. Une route serpentait le long de la montagne venant aboutir au village.