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vaient par-ci par-là. Des champs de blé s’étaient montrés par deux fois, ce qui prouvait qu’on n’était pas loin d’un village. Mais il y avait plus d’une heure que nos étudiants les avaient dépassés, et nulle maison ne se montrait. Le dernier crépuscule assombrissait le ciel, et un petit reste de lueur rougeâtre pâlissait à l’occident.

— Que diable ! s’écria enfin le philosophe, il me semblait que nous arrivions à un village. —

Le théologien ne dit mot, parcourut d’un regard les environs, remit sa pipe entre ses dents, et tous trois reprirent leur marche silencieuse.

— Par le saint nom de Dieu, dit de nouveau le philosophe en s’arrêtant, on ne voit pas seulement le point du diable.

-— Peut-être le trouverons-nous plus loin, dit le théologien sans quitter sa pipe. —

Cependant la nuit était venue, et une nuit fort sombre. De légers nuages augmentaient l’obscurité, et, selon toute apparence, on ne pouvait compter ni sur la lune, ni sur les étoiles.

Les boursiers finirent par s’apercevoir qu’ils s’étaient égarés, et que depuis longtemps ils avaient quitté le droit chemin. Après avoir cherché le sentier avec les pieds, le philosophe s’écria tout à coup :

— Mais où donc est le chemin ? —

Le théologien réfléchit longtemps, et lui répondit :