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LE


ROI DES GNOMES[1].


Dès que la cloche du séminaire, qui était pendue devant la porte du couvent des frères, à Kiew[2], se mettait en branle, on voyait arriver de toutes les parties de la ville des groupes d’écoliers. Les grammairiens, les rhétoriciens, les philosophes et les théologiens se rendaient aux classes avec leurs ca-

  1. Le titre de la nouvelle originale est Vii. C’est le nom que l’on donne, dans la Petite-Russie, au chef des Gnomes, au roi de ce peuple de génies souterrains qui président à la terre et aux métaux, comme les Sylphes à l’air, les Ondins à l’eau, les Salamandres au feu. On croit que le regard du Vii est mortel pour tout homme dont les yeux rencontrent les siens.
  2. Kiew, capitale de la Petite-Russie, qui a longtemps appartenu aux Polonais, fut, jusqu’à Pierre le Grand, le centre de la civilisation russe. Ce qu’on appelait le séminaire était l’université ; il se divisait en séminaire et bourse, l’un pour les élèves destinés à la prêtrise, l’autre pour les élèves destinés aux professions laïques. Il n’y a en Russie qu’un seul ordre de religieux, qui se nomment frères ou moines, sans autre désignation. L’on n’en compte aujourd’hui guère plus de trois mille dans tout l’empire. Ils vivent dans le célibat, tandis que les popes doivent être mariés.