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derie, ne vînt lui-même lui faire un aveu complet de sa faute. Il y a plus, le pénitent se retirait après cela, non pas l’oreille basse, mais portant la tête haute, parce qu’il avait le ferme propos de réparer ses torts. C’est qu’il y avait jusque dans les remontrances d’Alexandre Pétrovitch quelque chose d’encourageant, un je ne sais quoi qui disait : « Que ta chute te serve à t’élever plus haut. »

En véritable philosophe qu’il était, il définissait l’amour-propre une force qui donne l’impulsion aux facultés de l’homme ; aussi avait-il un soin particulier à manier les cordes puissantes de ce merveilleux engin. Il aimait à dire : « Je demande qu’on ait de l’esprit, et c’est tout ce que je veux ; celui qui aspire à développer son esprit n’a pas le temps de folâtrer. La folie de l’enfance se guérira d’elle-même. » Et en effet, sous sa direction, l’espièglerie passait réellement pour bêtise. L’élève qui ne cherchait pas à montrer de l’esprit, c’est-à-dire à devenir bon, était bientôt en butte aux plaisanteries et aux dédains de ses camarades. Les ânes, les grands imbéciles étaient affublés des sobriquets les plus injurieux, et cela de la bouche des plus petits écoliers, sur qui, pour rien au monde, ils n’auraient osé porter la main. « Ah ! c’est par trop fort ! lui disaient quelques personnes étonnées de ce système ; vos petits hommes d’esprit deviendront tous de grands insolents ! — Non, c’est ma mesure à moi ; j’ai pour principe de ne pas garder longtemps les incapacités ; pour les lâches et les faibles, c’est bien assez d’un cours ; pour les garçons d’esprit qui ne boudent point, j’en ai un autre. »

Le moindre mouvement de leur intelligence lui était connu. Il avait l’air de ne rien regarder, de ne rien voir ; mais comme s’il eût été rendu invisible, et qu’il eût, par un don particulier, tout vu, tout entendu, avec le pouvoir de distinguer nettement, du centre de son atmosphère d’impassibilité, les facultés et les penchants de ses pupilles, il laissait un peu faire aux espiègles, trouvant avantage, pour s’éclairer, à voir dans leurs boutades un premier développement significatif des qualités de leur âme, et il disait aux gens graves qui le questionnaient de bonne foi sur ce