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chotaient-ils à l’oreille tour à tour ; et ils ajoutaient : « En veux-tu deux sous ? en veux-tu trois sous ! » Il se faisait prier, puis il prenait l’argent. Il mettait une grande diversité dans son industrie ; il employa deux mois entiers à faire l’éducation d’une jolie souris blanche qu’il tenait prisonnière dans une petite cage de bois d’osier ; il parvint à lui apprendre à marcher sur ses pattes de derrière, à se coucher, à faire la morte et à se relever gaillardement, le tout à de petits signaux qui ne manquaient jamais leur effet sur l’animal. Les enfants gâtés la lui demandèrent à l’envi, et il s’en défit très-avantageusement. Quand il eut cinq roubles dans une bourse et autant dans une autre, il les cousit solidement, les enveloppa de feuilles mortes et les enterra au pied d’un sorbier, puis il se mit à la besogne pour en former une troisième.

Dans ces rapports avec toutes les autorités de l’école on peut bien dire qu’il montra une sagacité et un talent encore plus raffinés. D’abord nul écolier n’était aussi parfaitement tranquille sur son banc : car le professeur le plus influent ne pouvait souffrir les petits garçons fins, mobiles, éveillés, et se montrait en toute occasion et sans occasion le panégyriste juré de l’immobilité et de l’air sérieux, qu’il ornait des noms de tranquillité, d’application et de bonne conduite. Il lui semblait toujours que l’écolier qui remuait, et dont le regard animé laissait briller l’étincelle d’une idée, se mourait d’envie de se moquer de lui ; là-dessus il entrait dans une grande colère, sans que l’assistance, sauf notre héros, y pût rien comprendre, et l’accusé se voyait impitoyablement chassé ou puni. « Je te secouerai, moi, ton petit orgueil, tes airs malins et ta désobéissance ! lui criait-il ; va, frère, je te connais mieux que tu ne te connais toi-même. À genoux, à genoux, au coin tout de suite, je te prendrai par ta gourmandise ; tu es au pain et à l’eau pour la semaine ! » Et le pauvre enfant, avec toute sa parfaite innocence, en était à se frotter les genoux pour se désengourdir, et il lui fallait après cela jeûner plusieurs jours de suite, si c’était un interne. « Capacités, esprit, talent, tout cela ici, c’est marchandise de pacotille ; la seule