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mer ici. C’est le général Bétrichef, un homme excellent, qui est pour moi, je puis dire, plus qu’un ami, et qui m’a prié d’aller en son lieu et place visiter quelques-uns de ses parents. D’un autre côté, je trouve à cela mon plaisir et mon avantage en un certain sens : sans parler du point de vue hygiénique d’éviter les inconvénients d’une vie trop sédentaire, je maintiens que le monde est, après le livre que recommande l’Église, le livre contenant la science qu’il est le plus important à l’homme d’étudier bien à fond et par pratique.

— Oui, il est bon d’aller un peu dans le pays examiner par soi-même quelques recoins mal connus.

— Votre remarque est d’une parfaite justesse ; examiner par soi-même ces recoins-là et autres, c’est réellement et… véritablement fort bon ; il faut… aller voir ces choses que, sans se déplacer, on n’aurait pas vues, aborder des hommes tout retirés, que l’on n’aurait jamais rencontrés ailleurs ; et parfois leur entretien vaut des lingots d’or. Aujourd’hui, par exemple, n’ai-je pas une de ces chances inappréciables, celle de recourir à vous, mon très-estimable Constantin Féedorovitch… instruisez-moi, étanchez la soif que j’ai de toute vérité… intéressante ; je recueillerai vos douces paroles comme la manne céleste.

— Vous instruire ! comment cela, et de quoi ? dit Constánjoglo avec ébahissement ; je suis un bien pauvre précepteur, moi qui ai reçu une éducation de deux sous.

— Enseignez-moi la sagesse, mon très-honoré, la sagesse ! la sagesse qui consiste essentiellement, en Russie, dans le grand art de manier, comme vous le faites, le timon de l’économie rurale, l’art d’améliorer un domaine tout en retirant de lui un revenu sûr, l’art de créer par son intelligence une fortune non pas imaginaire, mais réelle, accomplissant par le fait même ses devoirs de citoyen, et méritant ainsi les respects de ses compatriotes.

— Je vais vous dire tout ce qu’il y a à faire… Restez demain la journée entière chez moi, je vous montrerai tout ce qu’il y a à voir et vous expliquerai tout ce que vous voudrez, dit-il après avoir regardé avec complaisance