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72 LE REVIZOR

Ammoss Phiodorovitch. — Diable ! c'est dange- reux... il bondira... un homme d'État !... J'ai une idée... on pourrait lui glisser la somme sous forme d'un don de la noblesse pour un monument quel- conque.

Le directeur des postes. — Ou encore... lui dire que l'argent vient d'arriver... on ne sait pour qui...

Artemi Philippovitch. — Qu'il ne vous envoie pas vous aussi, Dieu sait où... par la poste ! Je vous assure que ces petites affaires ne se trafiquent pas ainsi dans un Etat bien ordonné... Nous sommes tout un escadron ici... Or, il faut le voir chacun à son tour, et entre quatre yeux... et puis... que les oreilles elles- mêmes n'entendent pas... Voilà comment on s'arrange dans une société bien organisée... Tenez, Ammoss Phiodorovitch, commencez donc...

Ammoss Phiodorovitch. — Il vaut mieux que ce soit vous... Il a très bien déjeuné dans votre établis- sement...

Artemi Philippovitch. — Alors c'est à Louka Loukitch... comme éducateur de la jeunesse...

Louka Loukitch. — J'en suis incapable, complète- ment incapable, messieurs... J'ai été si bien élevé que... lorsqu'un supérieur m'adresse la parole, je perds l'esprit et la langue... et je m'enlise comme dans de la boue... Non, messieurs, vraiment... délivrez- moi de cette corvée.

Artemi Philippovitch. — Eh bien ! Ammoss Phio- dorovitch, il n'y a que vous... Voyons, vous savez bien que chacune de vos paroles est une perle à la Cicéron quand vous prononcez un discours...

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