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LE REVIZOR 59

sont pas à comparer avec Petrograd ! Ah ! Petro- grad... Quelle vie !... Ne croyez pas que je sois un simple scribe. Le chef du département est mon intime... Il me tape sur l'épaule : « Viens donc, mon ami, dînc'avec moi », me dit-il... Je ne vais à mon bureau que pour deux minutes, juste pour donner un ordre... faire ceci, cela... Un fonctionnaire se charge du reste... un fameux débrouillard qui... trrrr... écrit toutes mes lettres... On a voulu faire de moi un assesseur, mais je me suis dit que c'était vrai- ment inutile... Il y a toujours un employé qui, une brosse à la main, court derrière moi lorsque je m'en vais et qui me crie : « Permettez, Ivan Alexandro- vitch, je vais vous cirer vos bottes... » (Au préfet.) Pourquoi restez- vous debout, messieurs? Donnez- vous la peine de vous asseoir.

Le préfet. — Mon devoir est de rester debout devant vous.

, Artemi Philippovitch. — Nous reste-

Ensemble { , ,

rons debout.

Louka Loukitch. — Ne vous inquiétez pas.

Khlestakof. — Veuillez vous asseoir, je vous en prie... pas d'étiquette ici... (Le préfet et les autres prennent place.) Je n'aime pas les cérémonies... Je fais toujours mon possible, au contraire, pour passer inaperçu. Mais cela ne me réussit jamais, jamais. Dès que j'arrive quelque part, on s'écrie de suite : « Voilà Ivan Alexandrovitch qui vient... » On m'a même pris une fois pour un général : les soldats ont quitté leur poste et m'ont présenté l'arme. Leur officier qui me connaît m'a dit ensuite : « Eh ! mon

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