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28 LE RÉVIZOR

dansent, tout ce qu'on veut... On cause... c'est tout ce qu'il y a de plus subtil... on n'a qu'à s'incliner devant la noblesse... Tu vas au Chtchoukine et voilà les marchands qui te crient : « Nos respects ! » Tu traverses la Neva... un fonctionnaire se trouve près de toi... tu t'embêtes, entre n'importe où, dans une boutique... un soldat te parlera des camps... et te * racontera la signification de chaque étoile dans le ciel... On voit tout comme à travers un cristal... et une petite bonne viendra vous jeter un de ces regards, oh! oh! oh!... (Il sourit et hoche la tête.) On est galant, poli... pas de mot grossier... tout le monde te dit vous!... Ça te rase d'aller à pied, prends un fiacre, mon petit, comme un barine et si tu ne veux pas payer... je t'en prie... toutes les maisons ont des portes cochères si bien faites qu'on peut disparaître, ni vu ni connu... le diable lui-même ne te retrouvera pas... Il n'y a qu'un mal : un jour tu bouffes à éclater et le lendemain tu crèves de faim, comme ici, dans cet hôtel... Et c'est toujours lui, le coupable !... Rien à faire avec lui... Son père lui envoie de la galette... vous croyez qu'il saura la garder... Va te faire fiche !... Ce sont les fiacres, les billets de théâtre... et la semaine d'après, plus un sou, on vend jusqu'à son frac... jus- qu'à sa chemise... il ne lui reste rien... C'est la vérité... et des vêtements... chic... anglais... qui ont coûté jus- qu'à 150 roubles... et pour lesquels on ne lui donne que 20... Et pourquoi?... parce qu'au lieu de s'occuper de ses affaires, monsieur flâne dans la perspective Nevsky, joue aux cartes... Ah ! si le vieux barine venait à apprendre... Il se ficherait pas mal de ton grade de fonctionnaire... Chemise retroussée et une de ces fessées... que tu te le gratterais quatre jours

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