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LE MARIAGE IÇ5

Kotchkariof. — Quelle question? Je marie n'im- porte qui avec n'importe quelle personne.

Jevakine. — Si c'est cela, mariez-moi à la maî- tresse de cette maison.

Kotchkariof. — Vous? Mais pourquoi vous marier?

Jevakine. — Comment pourquoi? Permettez-moi de vous dire que votre question est plutôt étrange... On sait pourquoi on se marie !

Kotchkariof. — Vous avez bien entendu qu'elle n'a aucune dot.

Jevakine. — A l'impossible nul n'est tenu. Évi- demment, c'est ennuyeux... mais la fille est belle et on peut fort bien vivre avec elle sans dot. Une petite chambre (il la mesure du geste), un petit vestibule, un petit paravent, une petite cloison dans ce genre...

Kotchkariof. — Mais qu'est-ce qui vous a donc plu en elle?

Jevakine. — Je vous avouerai que ce qui me plaît en elle, c'est qu'elle est grassouillette... J'ai un cer- tain penchant pour les femmes replètes.

Kotchkariof (jetant sur lui un regard oblique, à part). — Et lui-même ne paye pas de mine... abso- lument comme une blague vidée de son tabac. (A haute voix.) Non, vous ne devez pas vous marier.

Jevakine. — Pourquoi cela?

Kotchkariof. — Parce que... regardez-moi la tête que vous avez, entre nous. Une vraie patte de coq...

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