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1/8 LE MARIAGE

Podkoliossine. — Ce n'est pas ça, mon cher... et puis son nez est trop long... elle ne parle pas le fran- çais...

Kotchkariof. — Tu divagues !... Le français? Tu en as donc besoin !...

Podkoliossine. — Une fiancée doit connaître cette langue.

Kotchkariof. — Et pourquoi, s'il vous plaît?

Podkoliossine. — Mais parce que... est-ce que je sais, moi?... Non, ce n'est pas ça...

Kotchkariof. — Allez-y !... Il suffit que le premier imbécile venu ait dit cela pour que tu le répètes comme un serin... Elle est belle... une beauté, com- prends-tu?... tu ne trouveras nulle part une fille qui lui ressemble.

Podkoliossine. — Elle était charmante à voir, tout d'abord, puis quand nous avons commencé à parler... j'ai brusquement aperçu son nez... trop long, quoi ! trop long... je l'ai bien examiné... je l'ai vu moi- même, il est trop long...

Kotchkariof. — Malin, va... tu n'es décidément pas fort, mon ami... Ils racontent tous des histoires pour te décourager et moi j'ai surabondé dans leur sens... cela se fait toujours... Nigaud, tu ne l'as pas regardée... c'est une belle fille. Crénom d'un chien, elle en a de beaux yeux... ils parlent, ils vivent !... Et son nez?... Comment dirai-je... il est d'une blan- cheur... de l'albâtre... L'albâtre lui-même ne saurait lui être comparé... Tu regarderas bien son nez la prochaine fois.

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