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150 LE MARIAGE

les choses s'arrangent... et puis, brusquement, il démolit tout... Dis-moi, je te prie, si je ne dois pas te traiter de cochon, de lâche après cela...

Podkoliossine. — A quoi servent ces gros mots?... les ai-je mérités?... je ne t'ai rien fait...

Kotchkariof. — Un sot, sot de la tête aux pieds, tout le monde le criera... Conseiller de cour, soit, mais triple idiot avec... Pourquoi ferais- je tous ces efforts? Pour ton bien... Mais, si tu ne te presses pas, on t'arrachera le morceau de la bouche... Il se vautre, le maudit vieux garçon... Veux-tu me dire à qui tu ressembles, là?... Vieille chiffe... mou comme un... je n'ose dire le mot... ce serait indécent... femme- lette, pis que ça...

Podkoliossine. — Ah ! je te félicite, mon cher ! (Baissant la voix.) N'es-tu pas devenu fou toi- même? Voilà un serf... là... qui t'écoute... pendant que tu m'insultes... et en quels termes... tu ne pouvais pas attendre 1

Kotchkariof. — Mais comment ne pas me fâcher, dis-moi, s'il te plaît?... Qui aurait le courage de ne pas te crier tes vérités?... Comme tout honnête homme, tu te décides au mariage, écoutant la voix de la sagesse... puis brusquement... comme une girouette au vent... piqué par je ne sais quoi... te voilà plus lourd qu J un lourdaud...

Podkoliossine. — Allons, suffit, j'y vais... tu me casses le tympan avec tes cris...

Kotchkariof. — Tu y vas... mais il n'y a rien d'autre à faire, mon vieux. (A Stépane.) Donne le chapeau et le manteau...

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