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LE REVIZOR 115

Le préfet. — Merci ! merci... Veuillez vous asseoir,

messieurs.

(Tous s'asseyent.)

Ammoss Phiodorovitch. — Antone Antonovitch, mais dites-nous comment ça a commencé, comment ça a continué, enfin tout le développement de cette affaire.

Le préfet. — Le développement est extraordi- naire : lui-même a fait la demande.

Anna Andreevna. — D'une manière fort respec- tueuse et délicate. Il s'est admirablement exprimé : « C'est uniquement, Anna Andreevna, par respect pour vos qualités ! » Ah ! l'homme bien élevé, aux sentiments nobles !... « La vie ne compte pas pour moi, Anna Andreevna, a-t-il ajouté, j'estime trop vos qualités si rares. »

Maria Antonovna. — Mais, petite mère, c'est à moi qu'il disait ça.

Anna Andreevna. — Tais-toi, tu ne sais rien ; je te prie de ne pas te mêler de ce qui ne te regarde pas. « Vous m'étonnez, Anna Andreevna », a-t-il con- tinué. Et ce furent d'autres paroles flatteuses pour moi. Lorsque je lui eus déclaré que nous ne pouvions espérer pareil honneur, il est tombé à genoux en s' écriant noblement : a Anna Andreevna, ne faites pas de moi un malheureux ; répondez à ma passion, sinon je me suicide. »

Maria Antonovna. — Je vous assure, petite mère, que ces paroles s'adressaient à moi.

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