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108 LE RÉVIZOR

Anna Andreevna. — Naturellement... il s'agit bien de préfecture...

Le préfet. — On pourrait peut-être monter en grade. ..très haut... qu'en penses-tu, Anna Andreevna?... Car il est à tu et à toi avec les ministres... il va au Palais Impérial... il pourrait faire peut-être qu'un jour je grimpe jusqu'à être général !... Qu'en penses-tu, Anna Andreevna? est-il possible de monter ainsi?

Anna Andreevna. — Naturellement... pourquoi pas?

Le préfet. — Crénom d'une pipe, ce doit être chic d'être général. Un ruban sur l'épaule... Quelle cou- leur préférerais-tu, Anna Andreevna... rouge ou bleue?

Anna Andreevna. — Bleue, naturellement.

Le préfet. — Hein, la mâtine ! elle veut le bleu ciel... Le rouge aussi est beau... Et pourquoi diable voudrais-je être général?... Parce que, partout, en voyage, les courriers, les adjudants vous précèdent et crient : « Des chevaux ! » Et aux étapes, on n'en donnerait à personne... tous m'attendraient, tous, tous ces conseillers titulaires, ces capitaines, ces pré- fets... et moi... comme un pacha... On dîne chez le gou- verneur... les préfets sont à tes pieds... eh! eh! eh! (Il est fris d'un fou rire.) Voilà ce qui me séduit, nom d'une pipe !

Anna Andreevna. — C'est le côté grossier qui t'attire. Il faut que tu te dises que toute notre vie doit changer... Tes amis ne seront plus de ces petits juges avec qui tu cours chasser le lapin, ou un Zem- lianika quelconque... Tes amis auront, au contraire,

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