Page:Goffin - Pinturicchio, Laurens.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
PINTURICCHIO.

accourt vers sa mère, pour lui transmettre l’impératif message des prétendants. Deux de ceux-ci regardent, l’un, maigre, basané, l’air effronté ; l’autre, cambrant la hanche, un faucon sur le poing droit, avec un visage de fille langoureuse. Debout au seuil de la demeure, le vaillant chevalier Ulysse, déguisé en mendiant, considère les présomptueux jouvenceaux d’un œil sombre ; par la large baie de la fenêtre, on aperçoit la galère pavoisée de la croix qui vient de le ramener de Terre Sainte, en dépit des embûches des sirènes et de l’enchanteresse Circé, dont on voit aussi, au loin, l’île aux prestiges diaboliques… C’est de l’Homère traduit dans le langage d’un ménestrel !…

Parmi les ouvrages de la fin de la carrière du Pinturicchio, il faut inscrire, probablement, le Reliquaire du Musée de Berlin, et certainement, sur la foi d’une pièce authentique, la Madone glorieuse, adorée par saint Grégoire le Grand et saint Bernard, de San Gemignano. La collection Borromeo, à Milan, possède sans doute la dernière œuvre du maître : une Montée au Calvaire, qui porte la date de 1513. C’est comme une petite et chaude miniature, dont les nombreux personnages — le douloureux Jésus, en robe brodée d’or, traîné au bout d’une corde par un féroce bourreau ; les saintes femmes que des soldats aux armes dorées brutalisent — déploient leur cortège devant un paysage touffu, par les échappées duquel se découvrent de vastes perspectives de montagnes et de ciel…

En 1509, époque de son testament initial, l’artiste avait-il subi une première atteinte du mal qui devait l’emporter ? Nous