Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

bourdonnent dans les airs. Que regardes-tu, belle lumière ? Mais tu souris et tu t’en vas joyeusement. Les ondes t’entourent, et baignent ton aimable chevelure. Adieu, tranquille rayon. Et toi, parais, toi superbe lumière de l’âme d’Ossian.

« Et elle paraît dans tout son éclat. Je vois mes amis morts. Ils s’assemblent à Lora, comme aux jours qui sont passés. Fingal vient, comme une humide colonne de brouillard. Autour de lui sont ses héros ; voilà les bardes ! Ullin aux cheveux gris, majestueux Ryno, Alpin, chantre aimable, et toi, plaintive Minona ! comme vous êtes changés, mes amis, depuis les jours de fêtes de Selma, alors que nous nous disputions l’honneur du chant, comme les zéphyrs du printemps font, l’un après l’autre, plier les hautes herbes sur la colline !

« Alors Minona s’avançait dans sa beauté, le regard baissé, les yeux pleins de larmes ; sa chevelure flottait, en résistant au vent vagabond qui soufflait du haut de la colline. L’âme des guerriers devint sombre quand sa douce voix s’éleva ; car ils avaient vu souvent la tombe de Salgar, ils avaient souvent vu la sombre demeure de la blanche Colma. Colma était abandonnée sur la colline, seule avec sa voix mélodieuse ; Salgar avait promis de venir, mais la nuit se répandait autour d’elle.

Écoutez de Colma la voix, lorsqu’elle était seule sur la colline.