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seule avec Werther. Il déposa quelques livres qu’il avait apportés, et en demanda d’autres. Tantôt elle souhaitait voir arriver ses amies, tantôt qu’elles ne vinssent pas, lorsque la servante rentra, et lui dit qu’elles s’excusaient toutes deux de ne pouvoir venir.

Elle voulait d’abord faire rester cette fille, avec son ouvrage, dans la chambre voisine, et puis elle changea d’idée. Werther se promenait à grands pas. Elle se mit à son clavecin, et commença un menuet ; mais ses doigts se refusaient. Elle se recueillit, et vint s’asseoir d’un air tranquille auprès de Werther, qui avait pris sa place accoutumée sur le canapé.

« N’avez-vous rien à lire ? » dit-elle. Il n’avait rien. « Ici, dans mon tiroir, continua-t-elle, est votre traduction de quelques chants d’Ossian : je ne l’ai point encore lue, car j’espérais toujours vous l’entendre lire vous-même ; mais cela n’a jamais pu s’arranger.» Il sourit, et alla chercher son cahier.

Un frisson le saisit en y portant la main, et ses yeux se remplirent de larmes quand il l’ouvrit ; il se rassit, et lut :


« Étoile de la nuit naissante, te voilà qui étincelles à l’occident, tu lèves ta brillante tête sur la nuée, tu t’avances majestueusement le long de la colline. Que regardes-tu sur la bruyère ? Les vents orageux se sont apaisés ; le murmure du torrent lointain se fait entendre ; les vagues viennent expirer au pied du rocher, et les insectes du soir