26 novembre.
Quelquefois je me dis : « Ta destinée n’est qu’à toi : tu peux estimer tous les autres heureux ; jamais mortel ne fut tourmenté comme toi. » Et puis je lis quelque ancien poète ; et c’est comme si je lisais dans mon propre cœur. J’ai tant à souffrir ! Quoi ! il y a donc eu déjà avant moi des hommes aussi malheureux !
30 novembre.
Non, jamais, jamais je ne pourrai revenir à moi. Partout où je vais, je rencontre quelque apparition qui me met hors de moi-même. Aujourd’hui, ô destin ! ô humanité !…
Je vais sur les bords de l’eau à l’heure du dîner ; je n’avais aucune envie de manger. Tout était désert ; un vent d’ouest, froid et humide, soufflait de la montagne, et des nuages grisâtres couvraient la vallée. J’ai aperçu de loin un homme vêtu d’un mauvais habit vert, qui marchait