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(souvent, non, mais quelquefois) ? cette complaisance avec laquelle elle reçoit une impression produite par un sentiment dont je ne suis pas le maître ? cette compassion pour mes souffrances, qui se peint sur son front ?

Comme je me retirais hier, elle me tendit la main, et me dit : « Adieu, cher Werther ! » Cher Werther ! C’est la première fois qu’elle m’ait donné le nom de cher, et la joie que j’en ressentis a pénétré jusqu’à la moelle de mes os. Je me le répétai cent fois ; et le soir, lorsque je voulus me mettre au lit, en babillant avec moi-même de toutes sortes de choses, je me dis tout à coup : « Bonne nuit, cher Werther ! » et je ne pus ensuite m’empêcher de rire de moi-même.




22 novembre.

Je ne puis pas prier Dieu en disant : « Conserve-la-moi ! » Et cependant elle me parait souvent être à moi. Je ne puis pas lui demander : « Donne-la-moi ! » car elle est à un autre… Je joue et plaisante avec mes peines. Si je me laissais aller, je ferais toute une litanie d’antithèses.