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nous-mêmes, tout nous manque. Je te le jure, cent fois j’ai désiré être un ouvrier, afin d’avoir, le matin en me levant, une perspective, un travail, une espérance. J’envie souvent le sort d’Albert, que je vois enfoncé jusqu’aux yeux dans les parchemins ; et je me figure que si j’étais à sa place, je me trouverais heureux. L’idée m’est déjà venue quelquefois de t’écrire et d’écrire au ministre, pour demander cette place près de l’ambassade que, selon toi, on ne me refuserait pas. Je le crois aussi. Le ministre m’a depuis longtemps témoigné de l’affection, et m’a souvent engagé à me vouer à quelque emploi. Il y a telle heure où j’y suis disposé. Mais ensuite, quand je réfléchis, et que je viens à penser à la fable du cheval qui, las de sa liberté, se laisse seller et brider, et que l’on accable de coups et de fatigue, je ne sais plus que résoudre. Eh ! mon ami, ce désir de changer de situation ne vient-il pas d’une inquiétude intérieure qui me suivra partout !




28 août.

En vérité, si ma maladie était susceptible de guérison, mes bons amis en viendraient à bout. C’est aujourd’hui