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bien la journée est si belle ! je vais à Wahlheim, et quand j’y suis… il n’y a plus qu’une demi-lieue jusque chez elle ! je suis trop près de son atmosphère… son voisinage m’attire… et m’y voilà encore ! Ma grand’mère nous faisait un conte d’une montagne d’aimant : les vaisseaux qui s’en approchaient trop perdaient tout à coup leurs ferrements, les clous volaient à la montagne, et les malheureux matelots s’abîmaient entre les planches qui croulaient sous leurs pieds.




30 juillet.

Albert est arrivé, et moi, je vais partir. Fût-il le meilleur, le plus généreux des hommes, et lors même que je serais disposé à reconnaître sa supériorité sur moi à tous égards, il me serait insupportable de le voir posséder sous mes yeux tant de perfections !… Posséder ! il suffit, mon ami ; le prétendu est arrivé ! C’est un homme honnête et bon, qui mérite qu’on l’aime. Heureusement je n’étais pas présent à sa réception, j’aurais eu le cœur trop déchiré. Il est si bon qu’il n’a pas encore embrassé