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de respect pour l’histoire ; c’est pourquoi il aime à ajouter à ses pièces quelques explications, dans lesquelles il prouve combien il est fidèle aux détails historiques. Les faits qu’il raconte peuvent être historiques, mais ses caractères ne le sont pas, pas plus que mon Thoas et mon Iphigénie. Aucun poète n’a connu les caractères historiques qu’il représentait ; s’il les eût connus, il aurait difficilement pu les employer tels qu’ils ont été. Le poète doit savoir quels effets il veut produire, et arranger, d’après cela, la nature de ses caractères. Si j’avais voulu représernter Egmont comme père d’une douzaine d’enfants, ainsi que l’histoire nous le montre, sa conduite légère aurait paru absurde. Il me fallait donc un autre Egmont, un Egmont mieux en rapport avec ses actions et avec mes intentions poétiques ; et c’est, comme dit Claire : Mon Egmont.

Et à quoi seraient bons les poètes s’ils répétaient seulement le récit d’un historien ? Le poète doit aller au-delà, et nous donner,