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déplairait au plus haut degré, s’il n’était traité par un aussi grand talent que Béranger. Grâce à lui, de pareils sujets deviennent supportables et même agréables. Mais n’est-il pas bien remarquable que le sujet du poète chinois soit tout-à-fait moral, et ceux du premier poète de la France précisément le contraire.


Je vois de plus en plus que la poésie appartient en commun à l’humanité, et qu’elle se produit partout dans une foule d’individus. l’un fait un peu mieux que l’autre, et sa renommée dure un peu plus long-temps que celle d’un autre. Voilà tout. Chacun doit se dire que le don de la poésie n’est pas une chose si rare, et que personne ne doit être fier d’avoir fait une bonne pièce de vers. Mais malheureusement, nous autres Allemands, si nous ne quittons pas le cercle étroit de notre entourage, nous arrivons bien vite à cette prétention pédantesque. Quant à moi, je tourne mes regards vers les nations